8 juin 2022
Lutter contre les engins de pêche fantômes dans le St Laurent grâce à la RFID
Au Canada, plus de 63 tonnes d’engins de pêche[1] fantômes ont été récupérés dans l’océan Atlantique en 2020, selon le ministère des Pêches et des Océans (MPO). 86 % des engins repêchés étaient des casiers et des cages utilisés pour la pêche au homard et au crabe. 14 % provenaient du golfe du Saint-Laurent.[2]
Le centre d’innovation de l’aquaculture et des pêches du Québec, Merinov, implanté en Gaspésie, aux Îles-de-la-Madeleine et sur la Côte-Nord, a été missionné pour apporter des solutions à la pollution des océans mais aussi au recyclage de ces engins fantômes.
Des enjeux économiques et environnementaux
Dépolluer l’océan des engins de pêches fantômes constitue à la fois un enjeu environnemental et économique : protéger la biodiversité, réduire les coûts liés à la recherche des engins perdus en mer, faciliter le travail des pêcheurs et des organismes de l’industrie de la pêche, mais encore favoriser la revalorisation de ces engins perdus ou abandonnés.
Dans ce contexte, la cellule systèmes embarqués de l’ITMI (Institut technologique de maintenance industrielle), qui est un centre collégiale de transfert de technologie (CCTT) hébergé par le cégep de Sept-Îles sur la côte nord du Québec, a proposé une solution de traçabilité intelligente des engins de pêche. Reposant sur la RFID, technologie d’identification par radiofréquences, cette solution a été déployée en étroite collaboration avec AXEM Technology.
Le suivi des engins de pêche grâce à la RFID
La solution déployée par l’ITMI répond aux différentes problématiques en permettant :
- Une traçabilité précise et régulière des engins de pêche durant leur vie sur le bateau de pêche jusqu’à leur arrivée au centre de tri lorsqu’ils sont repêchés ou simplement déposés par le pêcheur parce qu’ils sont en fin de vie par le biais de la technologie RFID. Chaque engin, de sa production à sa fin de vie, est identifié par un numéro unique qui constitue sa carte d’identité. Il est suivi dans ses déplacements.
- L’uniformisation et la centralisation sécurisée des données dans le Cloud pour faciliter la recherche de tout engin perdu, son identification puis son recyclage.
- Une revalorisation des engins perdus ou abandonnés mais aussi en fin de vie et dont les pêcheurs souhaitent se défaire.
Une solution gagnant/gagnant
Le projet d’identification RFID des engins de pêches profite à tous les acteurs de l’industrie de la pêche.
- Aide aux pêcheurs qui souhaitent se débarrasser d’engins en fin de vie
- Moins de perte de matériel de pêche pour les pêcheurs
- Gain de temps pour la recherche des engins perdus en mer et donc réduction des coûts
- Digitalisation de la gestion des océans et des activités liées
- Réduction des risques pour la biodiversité
- Création d’une économie circulaire avec les déchets de l’industrie de la pêche
Comment ça fonctionne ?
Les engins de pêches (par exemple des filets de cages à crabes, des cordes…) sont identifiés par des tags RFID qui leur associe un code unique. Ils sont ensuite embarqués sur le bateau de pêche.
Le bateau est, quant à lui, équipé d’un lecteur RFID embarqué qui scanne régulièrement les tags sur le bateau lors des sorties en mer. Les données sont enregistrées en temps réel dans le contrôleur du bateau.
Lorsque le bateau rejoint le port des Sept-Îles, les données stockées dans le contrôleur du bateau sont envoyées dans le Cloud comportant une base de données pour y être stockées de manière sécurisée. Ainsi, par la mise à jour de la base de données, il est possible de contrôler si tous les engins présents dans le bateau à sa sortie du port le sont également à son retour de sa mission de pêche.
Il est à noter que lors de la lecture des tags en mer, les coordonnées GPS sont également enregistrées autorisant ainsi la géolocalisation des engins de pêche à l’endroit où ils ont été laissés en mer.
En parallèle, les engins de pêches retrouvés en mer sont aussi scannés au centre de tri. Grâce aux données de la puce RFID UHF, carte d’identité de l’engin, les matériaux et notamment les plastiques qui peuvent être réutilisés sont identifiés.
Aujourd’hui un engin perdu en mer peut rester dans l’eau jusqu’à une année complète avant d’être retrouvé. Si la technologie RFID facilite la recherche des engins de pêche, elle n’évite pas complètement un séjour de l’engin perdu en eau saline. Ainsi, sélectionné pour sa durabilité, le tag RFID est toujours fonctionnel même après un séjour en eau saline.
[1] ensemble de matériels utilisé à bord d’un navire spécifique, qui a pour fonction l’exploitation d’une ressource marine
[2] 63 tonnes d’engins de pêche fantômes retirés de l’océan Atlantique en 2020 , Ici radio-canada, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1761547/equipement-engins-peche-fantomes-ocean-baleines-nettoyage